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Faux départ pour les Rencontres Pro !

J’ai testé aux mois de mai et juin un nouveau format : la Rencontre Pro afin de tester et valider le partage de mon expérience avec le monde du travail. Ce test a effectivement été très instructif.Diapositive1

La première partie, le 13 mai, proposait aux participants, tous au cœur du monde du travail (chef d’entreprise, coach, formateur, infirmière…) une Rencontre organisée  autour de mon témoignage avec un conséquent temps de partage . Le succès de cette première partie a dépassé mes attentes : l’assemblée a réagi avec emphase et richement participé sous forme de témoignages et de réactions…

La deuxième partie, le 19 juin, proposait aux mêmes participants (seule la moitié était présente pour des raisons de disponibilité) des passerelles de partage entre mon expérience individuelle lors de l’épuisement et le monde du travail. Sur la base d’une hypothèse considérant l’épuisé comme une sentinelle sociale, l’idée était de s’interroger sur la face cachée de la RÉUSSITE (pyramide de Maslow), puis sur la résonance entre l’épuisement individuel et la « crise sociale et environnementale » que nous vivons à travers le prisme du monde du travail qui est, rappelons-le, le terrain de dévoilement du burn-out ! Violence, rôle limitant de l’argent-roi, rapport à l’échec… je n’ai pas pu aller plus loin. Les participants ne sont pas rentrés dans la danse en arguant que mon animation était trop floue, que les objectifs étaient trop flous…

Bien sûr, et malgré un gros travail de préparation, le module n’était pas abouti (il manquait le retour d’expérience). Bien sûr, il ne faut pas s’arrêter à un simple test de 2h… Mais avant d’être « carbonisé », j’ai travaillé une dizaine d’années dans le domaine de la prévention des risques, du temps où, je le croyais, la finalité du travail était l’humain… Et de la fonction publique à l’industrie, j’ai appris à repérer les symptômes de la résistance au changement…
Comme je l’ai dit en introduction de cette Rencontre Pro, je signais avec ce nouveau format mon retour dans l’arène du monde du travail, officiant un retour aux origines en tentant de renouveler ce que j’avais échoué à faire en tant que préventeur : proposer un terrain de partage entre deux visions du monde.Pyramide tatoo

Le but de cet exercice improbable était de proposer de faire résonner une conscience collective au sein du monde du travail… La réponse de ce test est claire. Il y a trop de résistance, trop de défenses. Pas de conscience collective. Juste une somme de consciences individuelles… Mais quel est le poids d’une conscience face à un système organisé, formaté, contraint, réglementé ?

Je ne juge pas les acteurs du monde du travail. Quels qu’ils soient. J’ai d’ailleurs rappelé lors de cette intervention qu’au cœur du monde alternatif, les entreprises sociales et solidaires comme on les appelle, les burn-out sont aussi très nombreux… Ce que m’a appris l’épuisement, c’est qu’il ne suffit pas d’un simple changement de valeurs pour trouver le sens et l’harmonie. Il faut une métamorphose. Qui vient de l’intérieur. Qui nécessite des ressorts que nous portons tous mais que nous avons oublié… voire qui nous font peur !
Je pensais proposer un partage autour d’une expérience extrême avec des questions sur le sens de notre travail pour engager une pris de conscience vers la sortie du rêve… j’ai rencontré des personnes qui ont décidé de rêver et l’assument, convaincues, même, que le rêve est une solution pour sortir de l’impasse !

Diapositive07J’ai moi-même vécu ce paradoxe : pour compenser la frustration engendrée par mon adaptation, douloureuse, aux règles extérieures, la seule solution était de réussir, toujours plus, ce qui demandait… une adaptation encore plus grande ! Je l’ai ressenti dans ma chair. J’ai accueilli ses conséquences funestes. Je l’ai conscientisé. J’ai voulu le partager. J’ai échoué.

Quelle leçon tirer de cette expérience pénible ? Il faut croire que je n’étais pas à ma place dans cet exercice. Devrais-je essayer un autre échantillon, avec des participants moins dépendants du rêve ? Ou alors adapter mon exercice en me limitant au témoignage (comme me l’ont conseillé les participants à la deuxième séance) ?
Ou dois-je abandonner l’idée de partager une autre vision du monde avec le monde du travail (après tout le travailleur n’est peut-être pas celui qui changera le monde ?) et poursuivre ma route pour trouver ma place, ce moyen de partager ce que je porte de lumineux sans éblouir autrui… En tant que sentinelle sociale ? Pas sûr, car quelle place notre société laisse-t-elle à ces vigies, aussi précieuses que fragiles ? Aucune, en vérité. Mais cette absence de place n’est-elle pas, en somme, la seule et vraie place de celui ou celle qui sort des rangs ? La condition de celui qui part à sa rencontre ? Ce rejet, contrairement à celui qui déciderait de se marginaliser, ne constitue-t-il pas une forme ultime de liberté ? Mais alors comment vivre, sur le plan économique ? Dois-je explorer d’autres capacités en moi, voire les isoler du travail qui deviendrait purement alimentaire ?
Qu’espérais-je à travers ces Rencontres ? Offrir ce que je suis ou me nourrir d’un Partage, ersatz d’un amour inconditionnel qui me fait toujours défaut ? L’argent, cet anesthésiant de la réussite contre-nature, serait-il aussi un calmant radical qui inhiberait le candidat à l’ « aventure sociale » ?

Des questions, toujours des questions… qui me rappellent l’omniprésence du mental ! Merci à Joëlle de son aide bienveillante à l’organisation de ces deux évènements, et merci aux participants de ces Rencontres Pros de m’avoir permis d’accueillir cette réalité. Et de me faire avancer sur mon chemin…

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