Blog

Premier bilan du livre vivant après 6 mois d’existence…

6 mois que le livre Burn-out : la fin du rêve est sorti de son cocon : c’était le 12 janvier 2015 !IMGP3206 - Copie

Je m’étais donné 6 mois pour mettre en œuvre un modèle original reposant sur 3 points :
assurer la vente directe du livre sur le terrain ;
organiser des Rencontres de différents formats à travers un « Tour de France des lecteurs » et faire émerger des Rencontres payantes (Rencontre Pro – Stage…) pour compléter le message du livre et les recettes liées à la vente ;
– faire connaître le livre via les médias et Internet et vendre le livre à distance.

L’objectif était de faire un bilan à l’été pour partir à la rentrée sur un modèle pérenne… Nous y sommes !

 

SITUATION PRÉSENTE

Aujourd’hui, le livre papier est vendu sur le site internet où le livre numérique est toujours librement téléchargeable.
Le livre est disponible en prêt gratuit dans 2 bibliothèques et en prêt responsable dans 5 autres endroits, le tout sur les départements de l’Ardèche (2), du Jura, du Rhône (2) de Paris et des Yvelines.
Des personnes relais assurent actuellement une diffusion de proximité dans les Yvelines, la Seine-et-Marne, l’Isère, le Rhône, la Drôme et en Indre-et-Loire.
Côté médiatique, le livre a bénéficié le 5 mai d’une interview en direct sur Radio Grésivaudan et d’une brève dans l’édition du 19 mai du quotidien gratuit 20 minutes de Lyon.
J’ai mis en place une collaboration naturelle avec les magasins Biocoop et animé une journée de présentation du livre dans 5 magasins : Aubenas, Valence, Tassin, Saxe/Gambetta et Saint-Egrève.
J’ai par ailleurs proposé différents formats de Rencontres : une Lecture-Rencontre, un atelier et un film/débat aux Rencontres IMGP3557 - Copie de l’écologie de Die en janvier, deux soirées à l’association culturelle La Vina de Grenoble en mai, deux demi-journée de Rencontres Pro sur le bassin lyonnais entre mai et juin et une Rencontre sur le Livre Vivant dans le cadre du festival Tout simplement fin mai en Seine-et-Marne !
J’ai aussi mis au point et proposé une soirée chez l’habitant en Isère ainsi que deux journées de Rencontre avec soi début juillet en Ardèche et en Isère qui n’ont pas eu lieu, faute de participants.

A noter, ce modèle a fortement impacté notre mode de vie familial car d’une part, il a demandé beaucoup de travail (établir des contacts et des partenariats, mettre au point les interventions…), d’autre part il a débouché sur de réguliers déplacements (Die, Valence, Grenoble, Lyon… jusqu’en Seine et Marne !). C’est pourquoi toute la famille s’est impliquée dans ce projet, notamment au travers de l’instruction en camion avec les enfants et leur maman… ce qui s’est avéré aussi enrichissant que fatiguant !

LES CHIFFRES

Côté chiffres, je dénombre à ce jour :
175 livres papier vendus (soit environ 30 livres vendus par mois) ;
85 téléchargements (soit environ un tous les 2 jours)
qui ont donné lieu à :
29 reconnaissances de lecture (impossible d’avoir la répartition exacte mais la part des reconnaissances suite à téléchargement semble à ce jour très faible) pour un montant total de 410 € soit une moyenne de 14 € par reconnaissance ;
5 droits de garde pour un montant total de 170 € soit une moyenne de 34 €.

Aucune Rencontre payante n’a eu lieu donc aucun recette générée sur ce plan.

 LES POINTS POSITIFS

De nombreux points positifs !

En premier lieu : la qualité du livre imprimé par Chirat. Sur près de 200 livres distribués, une seule remarque sur un problème de qualité (mineur) ! Et globalement, le livre est reçu comme un bel objet.

Surtout, les retours et les courriers que je reçois régulièrement, aussi touchants que gratifiants, attestent de l’utilité du livre et du fait que le message qu’il propose en partage est reçu, chacun à sa façon, par les lecteurs.

Autre point encourageant : même si l’échantillon n’est pas représentatif, le montant moyen des reconnaissances de lecture et des droits de garde est conforme à mes prévisions soit respectivement 10 et 30 € (légèrement supérieur).

Autre élément, la collaboration avec les magasins Biocoop s’est faite naturellement et m’a permis de tester un mode de vente direct avec un gros point d’encouragement : 9 personnes sur 10 qui s’arrêtent pour découvrir le livre l’achètent !

Autre point de satisfaction, le fait que Burn-out: la fin du rêve soit accessible sous de multiples formes pour toucher un maximum de personnes en s’adaptant à toutes les bourses. Sur Aubenas, laboratoire de proximité, on peut ainsi : commander le livre papier (via le site @),  le consulter gratuitement à la médiathèque municipale et l’emprunter gratuitement si on est adhérent, l’emprunter gratuitement en prêt responsable à la Biocoop ou télécharger librement le livre numérique via le site internet ! Un modèle expérimental qui se développe tranquillement sur plusieurs territoires en France, au gré des Rencontres, des envies et des propositions des lecteurs et des acteurs professionnels…

IMGP3543 copiePar ailleurs, les Rencontres constituent un outil vivant qui enrichit l’approche du livre, quel que soit le format. Souvent fruit d’une initiative de lecteur, ces moments ont donné tout leur sens au « Livre Vivant ». Une Rencontre permet de présenter le livre à des personnes avec certaines desquelles on fait la connaissance et qui parfois s’impliquent dans le projet en proposant un évènement, un réseau, une idée, une bonne adresse, un encouragement… De plus, lorsque la Rencontre s’intègre dans un évènement plus large (festival, salon…) elle bénéficie doublement de cette énergie qui la porte et qu’elle alimente.

LES POINTS DE PROGRÈS

On ne dit pas points « négatifs » mais points de progrès : cela permet de rester constructif… tout en accueillant ces réalités souvent inconfortables…

Le premier élément est que les ventes sont trop limitées. Malgré l’accueil convivial des Biocoop, la vente directe présente un rapport coût/bénéfice trop défavorable. Organiser le déplacement, l’hébergement et l’animation sur 3 jours pour vendre entre 4 et 10 livres (à leur coût de revient) ne constitue pas une solution pérenne ! Malgré le ciblage d’une population en transition, les volumes de vente sont trop faibles.
Quant au site internet « sur mesure », malgré sa qualité… il dort ! Faute de notoriété.

C’est le deuxième élément : ma stratégie de communication, basée sur les médias est un échec. Malgré mes efforts, difficile de faire médiatiser la sortie du livre, même si quelques pistes semblent se dégager pour la rentrée… J’ai voulu miser sur le facteur humain (bouche-à-oreille, Com’Co = réappropriation de l’information par les citoyens…) me passer des marketplace, des mass media et de Facebook et… je suis resté dans l’ombre ! Un enseignement riche qui confirme la schizophrénie de la transition qui se développe mais essentiellement par des moyens virtuels dont certains marchandisent les échanges, y compris les échanges humains…

Ensuite, même si le faible nombre de vente incite à la prudence dans les analyses, force est de constater que le nombre de reconnaissances de lecture est faible en mode papier et l’exception pour la lecture numérique !
Le rapport est de 15 reconnaissances de lecture pour 100 livres vendus sur une durée de 6 mois.
Là ou il faudrait 50% de reconnaissances de lectures sur une durée de 3 mois soit 6 fois plus !
C’est un décalage fort au regard de l’enthousiasme observé au moment de la vente après que le mécanisme de Livre Vivant ait été présenté, et qui constitue souvent une motivation d’achat importante ! Mais ce n’est pas l’acheteur qui reconnaît l’auteur, ce sont les lecteurs suivants… D’où une interrogation : pourquoi est-ce que les lecteurs suivants ne reconnaissent pas l’auteur ? Et beaucoup de questions… sans réponse.
Est-ce que l’acheteur a lu le livre ? A-t-il bien compris les règles du jeu du Livre Vivant ? Est-ce qu’il lui a effectivement fait débuter son voyage de lecture ? Est-ce que le récipiendaire a bien compris ces règles du jeu ? A-t-il choisi de recevoir le livre, en toute connaissance de cause, ou le lui a-t-on « balancé » ? L’acte de reconnaissance de lecture constitue-t-il un passage à l’acte trop contraignant ? La tentation de ne pas payer est-elle trop forte ? …
Bref, impossible de savoir où le mécanisme, pourtant plébiscité, coince… Peut-être à un endroit précis… Peut-être un peu partout…

Le fait est qu’avec 600 € collectés en 6 mois, une fois les 13,3 % de cotisations sociales acquittées, il ne restera pas assez d’argent pour couvrir les seuls frais de carburant nécessaires aux Rencontres effectuées…

Le Livre Vivant est à ce stade un échec sur le plan économique, et donc un échec car sans rentabilité, il est condamné à disparaître. Cet écueil ne semble d’ailleurs pas isolé :  d’autres projets basés sur la relation de « paiement en conscience » rencontrent les mêmes difficultés (le dernier dont j’ai eu connaissance étant l’appel à soutien du média Reporterre) obligés qui de relancer massivement les lecteurs en demandant une somme d’argent (30 000 € pour Reporterre), qui un nombre d’abonnés (L’âge de faire)…

C’est le troisième constat de cette période d’expérimentation : nous ne vivons pas dans une société du partage. Or le IMGP3643 - Copieprojet a été monté comme si nous vivions déjà dans ce type de société et que nous avions intégré ses codes d’alterconsommation (c’est à dire que le Livre Vivant venait répondre à une demande existante mais non couverte par l’offre commerciale actuelle)…Or mon expérience m’a montré qu’au-delà de l’enthousiasme de départ, persistaient de nombreux freins au partage, mais aussi à l’accueil du message de La fin du rêve…

La difficulté de gagner sa vie en promouvant la transition s’incarne dans l’ambiguïté de proposer à des consommateurs de sortir du modèle de consommation… A contrario, comment gagner de l’argent en-dehors du système de consommation existant sans endosser tous les codes permettant de « faire reconnaître » sa valeur « marchande » à ceux qui reçoivent votre message ?!

Peut-être aurait-il fallu tenir compte du fait que nous n’y sommes pas encore, en proposant plutôt un modèle de transition, plus progressif. Comment ? Cela reste à inventer… Mais en se montrant plus pragmatique : par exemple en utilisant les outils communs de communication (mass media, Facebook, marketplace…) pour être en concurrence avec les autres « offres de divertissement »… Peut-être en partant avec un modèle de commercialisation intermédiaire (je vends le livre à son coût de revient et l’acheteur complète après sa lecture par la somme de son choix et garde le livre)… Des pistes de réflexion qui restent cependant à valider car il n’est pas si facile de faire la distinction entre le frein au changement pur et ses différentes manifestations (peut-être que même repris par tous les médias et internet, le mécanisme du Livre Vivant ne marcherait pas mieux…). Par ailleurs, l’un des axes de ce projet innovant était le slow job car la difficulté dans ce type de projet alternatif, pour celui qui le porte, est d’arriver à trouver un équilibre entre le travail qu’implique une mise à niveau pour être en concurrence avec les « gros poissons » et le bénéfice que cela rapporte (avec le fait que plus on est nombreux sur le projet, plus on est visible mais plus il faut gagner de l’argent…). Et puis au départ, rappelons-nous qu’il ne s’agit « que » d’un livre témoignage… pas d’une usine à gaz !

LA SUITE

Non, Burn-out : la fin du rêve ne permet pas de relever le défi de « vivre de son écriture » à travers une « autre façon de lire »… Cela ne sert à rien de se mentir. Ni de forcer les choses. Comme nombre d’artistes, le partage de mon travail créatif ne me permet pas de générer un salaire. Ma grand-mère, 95 ans, avait raison. Elle avait vu juste. Tout du moins sur le fait que la demande pour ce genre de projet (paiement en conscience) artisanal est, sauf exception, trop faible pour générer un salaire… J’ai donc pris acte de la réalité et décidé de gagner ma vie autrement car après 6 mois sans salaire, c’est toute la famille qui est en suspension…
Tout en continuant d’accompagner le livre (l’objectif de départ étant de le partager avec le plus grand nombre) : quel plaisir de le partager !
Tout en continuant de créer car telle est ma nature, telle est ma joie.
Cela implique de supprimer ce mode de vie itinérant articulé autour des Rencontres. Cela induit de renoncer à tout miser sur le facteur humain. On ne peut pas vendre à quelqu’un ce qu’il ne veut pas ; ni lui demander de donner ce qu’il ne sait pas qu’il a…

Ce cap (inconfortable) passé, je me sens plus léger et finalement, je ne garde que la joie de ces 6 mois passés. Il me reste donc à poursuivre l’aventure sous une forme différente (c’est aussi ça le Livre Vivant !) en relevant un autre défi : réussir à accompagner le livre, continuer de créer et… remplir la marmite avec un boulot qui ramène un salaire ! Un boulot dans la norme, en fait… Beaucoup de remises en cause, donc, mais je me sens prêt à relever ce nouveau défi. A le vivre. En gardant le cœur ouvert, le plaisir du partage, les 2 pieds sur terre…Nuage mots main

 

Je suis heureux d’avoir écrit et publié La fin du rêve.
Je suis heureux d’avoir osé proposer le Livre Vivant.
Je suis heureux d’avoir expérimenté un mode de vie autour du partage et d’avoir proposé et vécu toutes ces Rencontres.
Je suis heureux de ne pas m’être obstiné contre la réalité.
Je suis heureux de continuer à créer, chaque jour, peu importe l’issue de cet élan de vie.

Merci à tous ceux qui, de près ou de loin, ont jusque-là participé à cette belle aventure et merci à tous ceux qui participeront à l’avenir…

La vie est un jeu 🙂

Stéphane

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *